By Thibaut Wychowanok
Stars mondiales du design, les frères Campana voient aujourd’hui leurs œuvres exposées dans les plus grands musées du monde. Pourtant, sous le verni de la réussite, c’est toujours l’amour de leur Brésil natal, de son artisanat et de sa culture vernaculaire, qui irrigue toutes les créations d’Humberto et de Fernando, jusqu’à leurs pièces pour la collection Objets Nomades de Louis Vuitton.
“Vous êtes les nouveaux stagiaires ?” Quelques années avant sa mort en 2012, l’architecte et mythe national brésilien Oscar Niemeyer accepte une interview croisée avec Humberto et Fernando Campana. C’est peu dire que la rencontre organisée par le spécialiste français du design Cédric Morisset tourne court. Les nouveaux stagiaires auxquels croit s’adresser le vieil homme – né en 1907 – ne sont rien d’autre que des stars du design, brésiliens comme lui. Les frères Campana n’en ont gardé aucune rancœur. Ils sont du genre serein, les Campana. Une force tranquille et un bon sens paysan qui leur vient de leur enfance à la campagne, dans la région verdoyante de Brotas, aux côtés de leur père ingénieur agronome et de leur mère institutrice. Alors, en janvier dernier, on ne s’étonne pas qu’Humberto et Fernando Campana nous proposent un premier rendez-vous à Sao Paulo devant le pavillon Lucas Nogueira Garcez réalisé par Oscar Niemeyer. Le bâtiment est niché dans le parc d’Ibirapuera, l’un des vastes poumons verts de la ville, imaginé par l’architecte paysagiste Roberto Burle Marx en 1954. L’oxymore entre le dôme en béton de 10 000 m2 et la nature luxuriante du parc incarne à lui seul les paradoxes de la quatrième plus grande métropole du monde. “Je vis à Sao Paulo depuis trentecinq ans”, souligne Fernando Campana, le plus jeune des deux frères, bientôt 60 ans tout de même, l’air débonnaire d’un parrain italien. “Cette ville digne de Blade Runner peut être un paradis, et devenir un enfer au coin de la rue. Elle est plurielle, d’une nature capricieuse et changeante.”
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